Becoming Chelsea

CRITIQUE
scène

texte
Élie Castiel

★★★★

Déconstruire le mythe en le réhabilitant

Un texte sans doute rédigé sous le coup de l’impulsion; de cette poussée d’adrénaline littéraire qui sollicite certains à l’expérimentation, jusqu’à déconstruire la fiction et nul doute le réel. Sébastien Harrisson ne passe pas par quatre chemins. Les principaux évènements de l’affaire Chelsea Manning sont présents, mais sous une forme évoquée par une singularité dans le rythme d’élocution des protagonistes, comme si ce cas politico-social ne devait être raconté que par une seule et unique personne.

Trois comédiens et une comédienne. L’un des trois, dans un rôle de transgenre – Sébastien René se surpasse dans cette partition exigeante, casse-gueule, celle qu’en principe, on ne joue qu’une seule fois dans sa vie; de ces compositions qui questionnent constamment le métier d’interprétation. René suit les directives du metteur en scène et parfois, au tournant d’une scène, se permet ou du moins donne l’impression d’improviser magnifiquement bien son personnage. Comme si ce dernier le possédait et plus rien ne comptait.

Effectivement, le becoming du titre suggère « en construction », non seulement comme si cette affaire n’était pas conclue, mais également à prendre comme la prise de conscience d’un auteur et d’un metteur en scène (qui se confond harmonieusement à l’écrivain) questionnant sans cesse leurs pratiques.

Suite

Nell Gwynn

CRITIQUE

SCÈNE

texte
Élie Castiel

★★★★

Entre la Scène et la cour du Roi

La mise en scène ludique, séduisante, de Krista Jackson, accompagnée des décors extravagants de Jawon Kang,  illumine la grande salle du Monument-National. Proposition intemporelle que cette Nell Gwynn, s’inscrivant dans l’air du temps, au moment où la mouvance artistique au féminin perce de plus en plus.  La plume de Jessica Swale évoque les grands écrits classiques où humour, drame, sentiments amoureux et demi-teintes s’expriment avec autant de légèreté que d’élégance; comme s’il s’agissait d’une petite révolution intérieure, la femme s’ouvre aux expériences que l’homme a toujours eues par défaut.

Le hasard veut que Nell devienne comédienne, provoquant chez un certain public une gêne d’abord, mais un nouveau monde auquel il faudra s’habituer, une approche près du réel – les comédiens jouant des rôles de femmes exprimaient des mouvement et des gestes exacerbés, affichant pour ainsi dire des airs de fausseté. Avec la femme, l’authenticité s’annonce et tout n’est que pour le mieux.

… ce qui est le plus touchant, c’est de constater que le spectateur est rivé à son siège, retenant son souffle devant la caresse des mots, les phrases brillantes, les double entendres, ou si vous préférez les doubles-sens, chers à la dramaturgie d’une certain époque.

Suite

Small Mouth Sounds

CRITIQUE

SCÈNE

texte Élie Castiel

★ ★ ★ ½

Personnages en quête d’hauteurs

L’espace public de la petite salle « Studio » du Centre Segal est divisé en trois, des spectateurs assis à droite et à gauche. La scène est au centre, régie par deux entrées des artistes. Le silence est presque d’or dans cette pièce à six personnages en retraite des bruits du quotidien – de la ville, du travail, de leur solitude, de leurs crises existentielles, de tout – problème contemporain où les nouvelles technologies nous broient, nous noient dans un océan d’images et de sons aussi concrets que virtuels et invitent à la solitude.

Et c’est ainsi que se présente cette pièce indie (indépendante) pour un public averti, c’est-à-dire celui qui désire voir quelque chose d’inattendu, de nouveau, d’innovateur (peut-être), mais surtout qui veut réfléchir sur le phénomène et trouver des pistes de solution, chose quasi impossible à faire par les temps qui courent.

Mais le théâtre et une certaine forme de cinéma servent à cela, quitte à ce que notre conscientisation prenne du temps à s’affirmer.Suite

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