Becoming Chelsea
CRITIQUE
scène
texte
Élie Castiel
★★★★
Déconstruire le mythe en le réhabilitant
Un texte sans doute rédigé sous le coup de l’impulsion; de cette poussée d’adrénaline littéraire qui sollicite certains à l’expérimentation, jusqu’à déconstruire la fiction et nul doute le réel. Sébastien Harrisson ne passe pas par quatre chemins. Les principaux évènements de l’affaire Chelsea Manning sont présents, mais sous une forme évoquée par une singularité dans le rythme d’élocution des protagonistes, comme si ce cas politico-social ne devait être raconté que par une seule et unique personne.
Trois comédiens et une comédienne. L’un des trois, dans un rôle de transgenre – Sébastien René se surpasse dans cette partition exigeante, casse-gueule, celle qu’en principe, on ne joue qu’une seule fois dans sa vie; de ces compositions qui questionnent constamment le métier d’interprétation. René suit les directives du metteur en scène et parfois, au tournant d’une scène, se permet ou du moins donne l’impression d’improviser magnifiquement bien son personnage. Comme si ce dernier le possédait et plus rien ne comptait.
Effectivement, le becoming du titre suggère « en construction », non seulement comme si cette affaire n’était pas conclue, mais également à prendre comme la prise de conscience d’un auteur et d’un metteur en scène (qui se confond harmonieusement à l’écrivain) questionnant sans cesse leurs pratiques.