Divino amor

INÉDIT en salle
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Sortie
Vendredi 13 novembre 2020

SUCCINCTEMENT
Brésil, 2027. Une femme profondément religieuse utilise son travail de notaire pour essayer d’empêcher les couples de divorcer. En attente d’un signe divin venant saluer ses efforts, elle subit une situation problématique qui la rapproche de Dieu.

Critique.
un texte de
Élie Castiel

★★★ ½

En effet, une situation qui culmine en état de grâce et illustre admirablement l’une des plus belles séquences du film grâce non seulement à la mise en scène, radieuse, du Brésilien Gabriel Mascaro, mais aussi à la particularité transcendante de la direction photo de Diego García, dont on se souviendra du lumineux Cemetery of Splendour / Rak ti khon Kaen (2015) de Apichatpong Weerasethakul, admirable référence cinéphilique qui le situe parmi les directeurs photo les plus illustres du cinéma contemporain.

En soi, il s’agit ici d’un film politique malgré un récit qui utilise les codes du mélodrame latino-américain pour mener à bien son message. Oui, Mascaro ose, risque, se permet une telle hérésie que constitue « la morale de l’histoire », ce fameux message contraire à la tendance des quelques dernières décennies cinématographiques, du moins dans le cinéma dit « d’auteur » qui consiste à éviter cet élément narratif à tout prix.

L’indescriptible

ambiguïté de la foi

Et pourtant, dans Divino Amor, on ne peut y échapper. Joana (magnifique Dira Paes) souffre. Au travail, elle essaie et réussit souvent à raccommoder les couples en instance de divorce. En privé, elle souhaite un enfant, vœu partagé par Danilo, son mari (très convaincant Julio Machado). Et puis, des réunions de couples avec problèmes, rencontres faites de confessions intimes, de sorties en boîtes et, comme nous sommes en 2027, d’échanges sexuels entre couples. Joan est Évangéliste. Les choses auront-elles autant changées ?

Le genre futuriste est ici manipulé selon des principes humanistes ; point d’apparitions, de monstres surnaturels. Tout reste au niveau de l’humain. La grande ville est dépeinte néanmoins comme un espace froid, ultra-moderne selon les nouvelles propositions architecturales et mine de rien, ne montre pas les favelas (auraient-elles disparues ?).

Mais en fin de compte, Divino Amor, sans y avoir directement recours, parle du Brésil actuel, de ce centre névralgique du monde où la politique actuelle affiche des élan trumpiens, de la mise en chantier d’un conservatisme de plus en plus présent.

Oui, la droite, comme ces couples qui se rencontrent régulièrement dans ce film qui oscille librement entre réalisme contemporain et transcendance délibérée, entre foi et athéisme, entre pudeur et transgression. Des trois religions monothéistes, la foi chrétienne est celle dont il est question. Retour aux sources d’un mythe confessionnel fondateur où le baptême par immersion, non seulement reprend tous ses droits, mais constitue la seule option pour survivre. Mais a foi, elle aussi, semble s’adapter à sa contemporanéité. Elle prend possession des nouveaux paramètres tout en demeurant intactes. Le but : continuer de croire.

Dans un sens, malgré les quelques incertitudes narratives que comporte le  film, en dépit du manque de clarté à une quelconque idéologie, prise de position, c’est un monde occidental de plus en plus porté vers un populisme sans frontières, à la fois intransigeant et condamnant la raison dans toutes ses formes, qu’a voulu illustrer Gabriel Mascaro.

Alternative qui renvoit, encore une fois, à la séquence finale, éblouissante par son côté picturale, mais inquiétante, voire même interrogative sur le vrai propos du réalisateur. Où se situe vraiment le cinéaste ?

Dans un sens, malgré les quelques incertitudes narratives que comporte le  film, en dépit du manque de clarté à une quelconque idéologie, prise de position, c’est un monde occidental de plus en plus porté vers un populisme sans frontières, à la fois intransigeant et condamnant la raison dans toutes ses formes, qu’a voulu illustrer Gabriel Mascaro. Prudemment, de façon voilée, mais se sentant prophétique et, sans doute, avec le cœur gros comme ça.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Gabriel Mascaro

Scénario
Gabriel Mascaro, Rachel Daisy Ellis
Esdras Bezera, Lucas Paraizo

Image
Diego García

Genre(s)
Drame futuriste

Origine(s)
Brésil / Uruguay

Danemark / Norvège
Chili / Suède

Année : 2019 – Durée : 1 h 41 min

Langue(s)
V.o. : portugais ; s.-t.a.

Divine Love

Dist. @
[ Outsider Pictures / Strand Releasing ]

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 16 ans

Diffusion @
Vimeo on Demand

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]