Elvis

P R I M E U R
[ En Salle ]
Sortie
Vendredi 24 juin 2022

SUCCINCTEMENT.
La vie et l’œuvre musicale d’Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker.

CRITIQUE.

★★★★ 

texte
Élie Castiel

De quoi

sont

faites

les

légendes

Oublions la première cannoise, réservée aux privilégiés de la profession qui ont eu la possibilité d’y assister. À sa sortie publique, la réception sera sans doute mitigée face à cet exercice spectaculaire de Baz Luhrmann – parmi lesquels,  Strictly Ballroom et Moulin Rouge de bonne mémoire, tous deux confirmant le talent du cinéaste australien pour la déconstruction du genre musical, ces derniers temps tentant de se forger une renaissance.

L’intérêt du jeune Elvis pour la chanson puise dans la musique des Noirs américains, donnant une séquence inoubliable au début du film, presque surréaliste, emportée par la frénésie des gestes, des mouvements et de la musique. La grande partie dans Elvis est un véritable kaléidoscope, une orgie de sons, de captations scéniques de prestations et de séquences majestueuses où les principes américains du spectacle Grand-Écran se manifestent dans tous leurs extrêmes.

La relation du chanteur avec sa mère (excellente Helen Thomson) bénéficie d’une grande attention de la part de Luhrmann. Sa mort sera le début de la descente aux enfers du chanteur. Elle ne prive pas néanmoins la présence des autres personnages clé dans la vie du King.

Une profession de foi.

La mise en scène, vive, carbure à une vitesse quasi vertigineuse, cherchant constamment notre adhésion. On passe d’une situation à l’autre à une vitesse folle, sans répit. D’aucuns se sentiront submergés par une telle avalanche de bravoures cinématographiques, de risques encourus, de propositions alléchantes; d’autres se laisseront guider, ou plutôt emporter, par ce spectacle « made in U.S.A. » même s’il s’agit d’une coproduction avec l’Australie et  tournée là-bas même, ne renonçant guère à une extraordinaire transposition d’époque(s).

Impossible de ne pas souligner la présence d’Austin Butler dans le rôle clé. Sans véritablement imiter le vrai artiste, il le façonne à son image, donnant un résultat hallucinant, presque démoniaque. Et face à lui, un Tom Hanks, incarnant le protagoniste méphistolien du (faux) Colonel Tom Parker. Le comédien américain caricature, déconstruit son personnage, le fait voler en éclat(s) et, sans qu’on s’y attende, lui prodigue une vulnérabilité entre la manipulation et la sincérité.

Elvis, c’est aussi le portrait d’une légende, d’une icône de la musique populaire américaine (et pourquoi pas, mondiale), de sa construction, de ses dérapages, de sa gloire, de son hégémonie dans le firmament artistique et finalement le miroir objectif d’une déchéance annoncée.

Mais Elvis est aussi un portrait d’une certaine Amérique, pudique, prisonnière de ses obsessions religieuses, de sa ferveur conservatrice et suspecte face à l’étranger, qu’il s’agisse de race ou de religion. Et soulignons les gestes de ce nouveau chanteur qui, aux yeux des Conservateurs, dévirilisent l’Homme américain. Dans un sens, si l’on observe comme il faut, le reflet d’une Amérique contemporaine, actuelle, qui semble avoir oublié les vrais concepts de la démocratie et de plus en plus en guerre contre les différences.

Elvis, c’est aussi le portrait d’une légende, d’une icône de la musique populaire américaine (et pourquoi pas, mondiale), de sa construction, de ses dérapages, de sa gloire, de son hégémonie dans le firmament artistique et finalement le miroir objectif d’une déchéance annoncée.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Baz Luhrmann

Scénario
Baz Luhrmann, Sam Brommel
Craig Pearce, Jeremy Doner

Direction photo
Mandy Walker

Montage
Jonathan Redmond
Matt Villa

Musique
Elliot Wheeler

Genre(s)
Drame musical biographique

Origine(s)
Australie

Année : 2022 – Durée : 2 h 39 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

& Version française
Elvis

Dist. [ Contact ] @
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Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]