Ema

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 13 août 2021

SUCCINCTEMENT.
Danseuse et passionnée de reggaeton, Ema voit son mariage toxique voler en éclats après avoir rendu Polo, leur fils adoptif, aux services sociaux.

CRITIQUE.

★★ ½

texte
Élie Castiel

         En 2008, son deuxième long métrage Tony Manero séduit la critique institutionnalisée, celle surtout adepte de nouveaux courants narratifs et en particulier des voix issues de l’Amérique latine.

Pablo Larraín, une des inspirations les plus fécondes du cinéma chilien d’aujourd’hui. En 2016, un portrait surréaliste et en même temps biographie soigneusement déconstruite de son compatriote, homme de lettres, Neruda. Départ ensuite avec un sujet américain : Jackie, la Kennedy, avec une Natalie Portman impériale. Une coproduction à l’internationale : France, Chili, Chine, Allemagne, Grande-Bretagne.

On soulignera, heureusement, que Ema est un film uniquement chilien. Larraín dresse le portrait d’une nouvelle société dans ce pays de l’Amérique latine, relativement urbaine, où les codes de comportement non traditionnels ont pris de l’ampleur ces dernières années. Mais plus que tout, Ema, un prénom au féminin (normalement épelé Emma), avec un seul « m », une façon d’éviter d’identifier son genre. Un fils adopté avec le couple qu’elle vit avec Gastón – Gael Garcia Bernal, à mon sens, l’aspect le plus intéressant du film. Bernal ou la facilité de contrôler différents registres.

Audaces particulières

ou pures simagrées

Un semblant de couple bien assorti.

Nombreux sont ceux et celles qui opteront pour la présence quasi démoniaque de Mariana Di Girólamo. Si d’une part, force est de souligner qu’elle s’empare du récit, de la caméra et presque de la mise en scène pour imposer ses propres lois, ses propres codes, comme une guérilléra d’un nouveau genre, force est de souligner l’ennui qu’elle peut causer chez certains spectateurs.

Les identités de genre, façon de parler, s’immiscent ici dans un contexte philosophique, le féminin se masculinise tout en préservant son identité, le masculin tente de conserver son statut de départ, trop frêle pour tenter autre chose ;  l’élément « feu » prend une place importante – premières images du film – qui est aussi le regard d’un cinéaste qui ose s’aventurer dans des terrains narratifs et de réalisation glissants. Les flammes purifient ou au contraire, anéantissent tout, ne laissant que poussière. Ni blanc, ni noir dans ce film particulier, hors norme, mais plusieurs choix chromatiques qui semblent constituer la métaphore et prises sur la réalité qui se croisent et s’entrecroisent à un rythme vertigineux.

… ce voyage identitaire entre le désir d’enfant et la liberté totale d’être simplement comme un exercice de style tout à fait prétentieux. Bravoure de style ou contorsions insupportables.

Mais plus que tout, nonobstant toute analyse se rapportant au récit, Ema est un film sur le temps, sur sa durée, sa provisoire suspension, ses lacunes, son rapport avec les différentes époques.

Toutes ces bonnes et louables intentions doivent être saluées, certes mises en exergue, mais pour certains, le film frôle l’ennui et si ce n’était des réalisations précédentes du cinéaste, on aurait trouvé ce destin de femme, ce parcours de couple, ce voyage identitaire entre le désir d’enfant et la liberté totale d’être entière, comme un exercice de style tout à fait prétentieux. Bravoure de style ou contorsions insupportables.

J’opte, malgré ma sincère réticence, pour cette dernière option. En attendant Spencer, la rupture de Lady Di avec le Prince Charles et pour plus tard, The True American, quelque chose qui a à voir avec le 11 septembre 2001.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Pablo Larraín

Scénario
Pablo Larraín

Guillermo Calderón
Alejandro Moreno

Direction photo
Sergio Armstrong

Montage
Sebastián Spúlveda

Musique
Nicolas Jaar

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Chili

Année : 2019 – Durée : 1 h 47 min

Langue(s)
V.o. : espagnol; s.-t.a.

Ema

Dist. [ Contact ]
Cinéma du Parc
[ @ Music Box ]

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 16 ans
[ Érotisme ]

En salle(s) @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]