François-Étienne Paré

François-Étienne Paré.
Directeur de la LNI

La

LNI

s’attaque

au

cinéma

ENTREVUE.
[ Scène ]

proposée par
Élie Castiel

Nous avions rencontré François Étienne Paré, une des têtes pensantes de la LNI, il y quelques mois, peu avant qu’un autre confinement nous oblige à calmer nos ardeurs. Avec ce nouveau volet cinéma, il était question de présenter à l’Outremont un match cinématographique sur deux personnalités du cinéma, Tim Burton et Jean-Marc Vallée. Maintenant que les choses sont rentrées plus ou moins dans l’ordre, Burton sera l’objet d’une « escapade scolaire ». Vallée, celui d’un hommage hors du commun.

Un rendez-vous le jeudi 17 novembre à l’Outremont. À 13 h 30, les lieux accueillent les élèves des établissements scolaires qui seront conviés à l’univers de Burton.
À 20 h, la LNI propose une immersion inusitée dans l’univers de Jean-Marc Vallée. On ne vous dit pas plus.

À l’origine, le volet « cinéma » n’était pas dans les cordes de la LNI.
François-Étienne Paré : Je remonterai à 2015, si ça vous va. L’idée de départ était d’inclure le cinéma dans un contexte de dramaturgie, fidèle au concept-LNI. C’est-à-dire que chaque spectacle est marqué par un auteur dramatique marquantOn pense bien sûr à Molière, Shakespeare, plus près de nous, Lepage, Tremblay, de la Chenelière, Bouchard… Pendant des années, on s’est consacré aux matchs d’improvisation. Au départ, le hockey était la force motrice de nos spectacles, mais à un moment donné, nous avons pensé qu’après plusieurs années, ça avait ses limites.  En fait, il s’agit maintenant d’une forme d’évolution de notre pratique et nous avons pensé que le facteur cinéma se devait de raviver en quelque sorte la mémoire collective. Dans le cas du hockey, le problème ne s’est jamais posé. Ce sport est bien ancré dans l’A.D.N. national. En fait, il fallait que la LNI se remette en question de façon créative, certes, de continuer le concept, mais en l’élargissant davantage. Par ailleurs, cette nouvelle approche ouvre des portes pour nos artistes et ça leur donne d’autres façons d’improviser et surtout d’explorer d’autres terrains qu’ils n’avaient pas la chance de découvrir auparavant. Exploiter l’improvisation théâtrale était le principal point de départ. En 2015, on a eu la possibilité de produire un spectacle à Espace Libre. On s’est dit, si on consacrait un nouveau style dramaturgique à chaque nouvelle présentation. Le défi était de taille, mais le feu en valait la chandelle. Ça répondait à plusieurs de nos objectifs : les artistes étaient stimulés, ça bonifiait leur travail. Surtout, ils arrivaient aux matchs avec des outils supplémentaires. Finalement, on a voulu montrer aux spectateurs qu’il y avait autre chose que ce qu’ils sont habitués de voir. Puis, on s’est demandé si on pouvait joindre une autre forme d’art. Comme ça, pourquoi pas le « cinéma » ?

Le volet hockey est-il pour cela abandonné ?
Ça continue encore. Il n’est nullement question de laisser tomber. Mais en ajoutant d’autres versants, nous assouplissons les marges de manœuvre de la LNI. En fait, nous devenons comme un compagnie théâtrale qui produit des œuvres différentes chaque année.

Avec le soudain décès du regretté Jean-Marc Vallées, est-ce que le concept initial a changé. En même temps, ne fallait-il pas tenter d’éviter l’hommage traditionnel larmoyant ?
Tout à fait. C’était lui rendre hommage à notre façon, en créant un espace cinémato-dramaturgique qui évoquerait sa voir son métier de réalisateur. de faire du cinéma. Vallée avait une signature forte, particulière, unique.

Mais en raison de cette incident malheureux, est-ce que certains éléments de la mise en scène ont quand même subi des modifications.
En principe, nous allons nous tenir à notre plan de marche, mais tout en rappelant l’importance de Jean-Marc Vallée, sa façon de faire. Sa mise en chantier particulière. Donc, il s’agira d’un hommage le plus près possible du legs qu’il nous laisse, tout en respectant notre idée de départ.

Je crois, par contre, que la difficulté consiste à juxtaposer deux formes d’art qui, même si elles se complètent par moments, n’accusent pas les mêmes moyens de diffusion.
Nous avons travaillé très fort pour s’approprier les codes du cinéma, pour les posséder en quelque sorte, ou du moins de les comprendre, de saisir leurs magnitude. Cependant, une des bases dans ce travail conceptuel, puisque c’est de cela qu’il s’agit, c’est avant tout le facteur acteur, sa corporalité, sa disposition à se mettre en contexte d’un nouveau médium, lui visuel. En fait, ce sont les improvisateurs/trices qui prennent le plus de responsabilité et de soins à rendre leur transpositoin valable aux yeux des spectateurs.

… cette nouvelle approche ouvre des portes pour nos artistes et ça leur donne d’autres façons d’improviser et surtout d’explorer d’autres terrains qu’ils n’avaient pas la chance de découvrir auparavant.

Le facteur « écran » pousse néanmoins à un nouvelle approche.
Effectivement, il fallait que les créateurs se rappellent constamment qu’ils avaient affaire à un nouveau positionnement de l’espace dramaturgique. Par exemple, sans donner des détails, détourner les objets était une forme de rapprochement.

Dans un sens, jouer (improviser) avec l’idée de concrétude.
Oui, c’est vrai. Pas une mince tache, mais pas impossible.

Une sorte de plan/contreplan, champ/contrechamp qui s’établit dans le champ de vision. Mais entre nous, ce n’est pas s évident.
En effet, mais… j’ajouterais que l’écran, contrairement à la scène exige l’objet. Au théâtre, tout se passe dans la tête des comédiens et celle des spectateurs. Une sorte de dialogue.

LNI
Hommage à Jean-Marc Vallée
Jeudi 17 novembre 2022
20 h
Outremont