Jane par Charlotte

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Charlotte Gainsbourg a commencé à filmer sa mère, Jane Birkin, pour la regarder comme elle ne l’avait jamais fait. La pudeur de l’une face à l’autre n’avait jamais permis un tel rapprochement.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Comme une étreinte

filiale retrouvée

Filmer sa mère Jane Birkin, sans filtre, semble une évidence, une urgence, un mouvement existentiel nécessaire pour Charlotte Gainsbourg, fille également de l’autre, celui par qui l’avant-garde musicale arrive et se transforme en classique.

Pour ce premier long métrage, une proposition aussi affective que portée par le goût du cinéma, l’exemplarité du plan, la poésie de l’image, les contours personnels d’une vie vécue sans connaître vraiment les rapports maternels.

Et soudain, après un début qui montre avec un magnifique sens de la frime, du spectacle et du vedettariat, le concert donné par Jane au Japon, Charlotte se positionne.

Comme un geste intime politique. Comme si ne pas l’avoir fait devenait une trahison. Jane ne chante pas vraiment… elle parle et la musique l’accompagne pour donner du sens à sa voix. Car Jane Birkin est avant tout une présence qui s’accompagne largement de ses origines gainsbourgiennes. Mais qu’importe, avec le temps, elle a su se construire une image qui ne laisse guère indifférent. Et après la disparition du chantre invétéré de l’ère fourre-tout, elle a réussi à imposer une image d’elle-même. Jane autant que Charlotte sont les produits extraordinaires de cette béatitude.

Charlotte en est consciente et c’est à un double exercice qu’elle déploie son argumentation. Elle parle de sa mère, mais dans le même temps définit son propre parcours. Un face à face où les lois de la thérapie familiale sont assurées par un simple appareil, la caméra insistante. Plans magnifiques que Charlotte forge avec un sens inné peint entre la litote et le légitime, entre le portrait à nu et la discrétion de l’intimité.

Un face à face longuement attendu, le sourire aux lèvres.

La visite dans la maison de Gainsbourg demeure d’une poignante mélancolie, notamment rendue palpable par les silences et les objets qui, mis ensemble, s’avèrent comme des morceaux dans un musée personnel.

Voyeurisme? Pas vraiment, puisque le parcours des trois Gainsbourg (Serge, Jane, Charlotte) est fait de toutes ces impétuosités, de ces excès démonstratifs car ils ont très vite compris, surtout le père et la fille, que le « cinéma est un art du voyeurisme », qu’on le veuille ou pas. En fait, même Birkin, comme on le découvrira dans ces quelques merveilleux morceaux d’archives.

Ce qui se dit entre elles n’est pas important dans l’excercice critique. En révéler la teneur, c’est porter atteinte à la surprise que découvriront les spectateurs, plus les spectatrices car sans vraiment être un film au féminin, Jane par Charlotte fait en sorte d’intégrer les mots et l’objectif photographique dans l’univers féminin. L’Homme n’est que Gainsbarre, celui qui les construites ou plutôt, il nous semble.

La visite dans la maison de Gainsbourg demeure d’une poignante mélancolie, notamment rendue palpable par les silences et les objets qui, mis ensemble, s’avèrent comme des morceaux dans un musée personnel.

Et la séquence à la mer où les corps s’abandonnent dans une étreinte materno-filiale qui ressemble à quelque chose comme un bonheur finalement retrouvé.

Et pour certains dans la salle de cinéma, de constater la disparition d’une époque culturelle où toutes les possibilités étaient permises, du moins en apparence.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Charlotte Gainsbourg

Scénario
Charlotte Gainsbourg

Direction photo
Adrien Bertolle

Montage
Tianès Montasser

Musique
Chanson : « Je voulais être une telle perfection pour toi »
Chantée par Jane Birkin

Jane par Charlotte.
Tourner dans des lieux qui investissent la mémoire.

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
France / Japon

Grande-Bretagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 28 min

Langue(s)
V.o. : français
Jane par Charlotte

Dist. [ Contact ] @
Maison 4 :3

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]