R.M.N.

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 05 mai 2023

SUCCINCTEMENT.
De retour d’Allemagne dans son village natal multiethnique, en Transylvanie, Matthias constate que lorsque son ex-petite amie qui dirige l’usine locale décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée.

 

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE

★★★★

texte
Pascal Grenier

Les

Huns

et

les

autres

Christian Mungiu est l’un des cinéastes roumains parmi les plus importants du 21e siècle. Et avec ce sixième long métrage, le réalisateur de Au-delà des collines / Dupa dealuri conserve cette propension à travailler son côté formel.

Film-somme, regard intellectuel, analyse de l’état des lieux actuel dans la majorité des pays de l’Union européenne, de plus en plus métissés par les vagues d’immigration des derniers temps.

Il y a d’abord ce titre R.M.N. acronyme de résonance magnétique nucléaire et qui fait figure de métonymie et d’un microcosme tel un scanner cérébral essayant de détecter des choses sous la surface. Et puis il y a le contexte, un petit village multiethnique en Transylvanie où un homme, Matthias, y revient après avoir quitté son emploi dans une boucherie, en Allemagne, suite à une dispute avec son patron raciste.

On suit donc le destin de cet homme à la tête dure qui veut passer plus de temps avec son jeune fils, sa femme qu’il n’aime plus et qu’il méprise tout en cherchant à reconquérir une ancienne flamme. À tout ceci se greffent ces deux ouvriers du Sri Lanka dont la venue vient semer la pagaille et l’ire de la communauté qui voit d’un mauvais oeil l’arrivée de ces voleurs d’emploi à quelques jours de la période des vacances de Noël. C’est dans ce microcosme sociétal que va se jouer cette joute raciale et nationaliste remplie de haine et de xénophobie.

Comme une sorte de pacte dans la transmission des valeurs, quelles qu’elles soient.

Sous ce kaléidoscope humain, le roumain quinquagénaire parle avec intelligence de cette peur de l’étranger qui est parfaitement ancrée dans l’ère du temps et cette nouvelle ère postpandémique aux effets fâcheux et socialement néfastes. On y parle de racisme systémique, de cette peur de l’inconnu qui est aussi présente à travers le personnage du jeune fils, témoin d’un incident dans le boisé derrière la maison où il habite et qui le traumatise depuis.

Ces angoisses irrationnelles sont aussi répandues chez les citoyens de cette communauté multiethnique où la population majoritairement Roumaine, Hongroise et Allemande se réunit dans une agora qui constitue le moment-clé de ce dernier tiers tendu à souhait.

Filmé en plan fixe, le plan-séquence de 17 minutes, participe d’une joute de relations de pouvoir où l’on va décider du triste sort de ces niveaux immigrants légaux parias. Mungiu démontre que les intérêts locaux attisent la rhétorique politique et engendre une manifestation des préjugées axés sur le racisme populiste de salon. La violence, réactionnaire et verbale, dénote la vision sombre et amère du cinéaste envers les habitants de ce village roumain de l’Europe centrale en pleine décomposition qu’il condamne à travers son lot de contradictions.

Sous ce kaléidoscope humain, le roumain quinquagénaire parle avec intelligence de cette peur de l’étranger qui est parfaitement ancrée dans l’ère du temps et cette nouvelle ère postpandémique aux effets fâcheux et socialement néfastes.

S’inspirant d’un scandale récent similaire autour de la Boulangerie Ditroi qui s’est produit au début de 2020, Mungiu construit un drame au dénouement différent et avec des personnages fictifs qui s’inscrit dans la pure tradition d’un cinéma national et engagé tournant autour de l’animalisation de l’homme et de sa perte de logique.

Cette perte de réflexion renvoie aussi au personnage du père de Matthias qui va subir des tests médicaux approfondis suite à des facultés affaiblies récentes où il perd l’usage de la parole.

Un des nombreux fils conducteurs parmi tant d’autres de ce film intelligent, dense et complexe qui se clôture par un rebondissement inattendu et sur une finale  énigmatique et symbolique qui laisse place à l’interprétation.

 FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Cristian Mungiu

Scénario
Cristian Mungiu
Direction photo
Tudor Vladimir Panduru

Montage
Mircea Olteanu
Musique
[ Pièces variées ]

Cristian Mungiu.
Sur la xénophobie ambiante d’une
Europe hantée par ses vieux démons.

Genre
Drame social

Origine
Belgique
France
Roumanie

Année : 2022 – Durée : 2 h 07 minR.M.N.

Langue
V.o. : multilingue; s.-t.a. ou s.-t.f.
Nuclear Magnetic Resonance (NMR)
Résonance magnétique nucléaire (RMN)

 

Dist. [ Contact ] @
[ IFC Films ]

Diffusion @
Cinéma du Parc

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]